Fanny Boucher travaille le cuivre comme une matière vivante. Gravé, oxydé, doré à la feuille d’or, argenté ou aciéré, il devient une surface sensible qui change avec la lumière. L’héliogravure, une technique rare du XIXᵉ siècle, mêle photographie et gravure pour capturer la lumière et les détails les plus fins dans le métal.

Une fois gravée, l’image photographique ne reste pas figée : elle se transforme, s’adapte aux reliefs et aux reflets du cuivre. Elle devient matière, vibrante et changeante. Elle se ressent autant qu’elle se voit.

Fanny Boucher ne cherche pas à copier l’image, mais à en révéler la présence cachée et à prolonger sa mémoire dans le métal. Ses matrices deviennent des œuvres uniques, faites de lumière, de silence et de couches sensibles. La matérialité des fonds, leur lumineuse opacité, leur chatoiement la fascinent. Toujours la patine du temps, omniprésente, comme une collaboration entre l’artisane et le Temps.

Elle considère l’héliogravure comme un langage artistique où photographie, gravure et matière se mêlent. Chaque œuvre invite à une expérience directe, un dialogue silencieux entre le regard, le métal et la lumière.